Le Doubs
Sous les rochers moussus on entend des
murmures,
Il
naît sain et joyeux dans la Haute Vallée,
Berçant
Mouthe et Gelin au gré de ses courbures
On
dirait une Vouivre en ces lieux égarée.
Et
puis timidement, vers le Larmont il coule,
Glisse
jusqu'à St-Point et s'amuse aux Grangettes
Où
traversant le lac, d'une amoureuse houle,
A la
berge ravie il fait mille causettes.
Saluant
Pontarlier, déjà c'est Entreroche,
Montbenoît,
Remonot, leur ancien sanctuaire,
Il
cascade hardiment jusqu'à Morteau tout proche
Et
pour quelques arpents, apaise sa colère.
Voici
Villers-le Lac et les bassins étales
Il
joue au douanier entre Suisse et la France.
Un
saut majestueux en superbes rafales
C'est
l'étroit défilé où il tente sa chance.
Voici
Goumois joli, paradis de la truite
Bremoncourt
et Vaufrey, Soulce et les grands barrages,
Épousant
le Dessoubre au frais St-Hippolyte,
Il
court vers Pont-de-Roide aux long des pâturages.
Il
enlace Mandeure en ses boucles charmantes,
S'étire,
prends son temps, minaude romantique,
Puis repart
chantant en nappes ondulantes
Comme
un très long serpent docile et pacifique.
En
avalant l'Allan le voici navigable,
Voujeaucourt
oublié et Clerval après l'Isle,
C'est
une majesté tranquille autant qu'aimable
Qui
va baigner la plaine et notre antique ville.
Il
flâne encore un peu dans Besançon la douce,
Louvoie
en longs anneaux avant de bercer Dole
Alors,
les nuits d'été, sous la lune rousse,
On
l'entend fredonner comme une barcarolle.
De
quitter se Comté, le voici qui s'attriste,
Aux
portes de Verdun, s'épanche sous un aulne,
Enfin
en choisissant de mourir en artiste,
Silencieusement...
il se noie en la Saône !
Guy Ristori (poète Mandubien)